Etape 4 : Les DEMANDES

Les Demandes en CNV

Lorsqu’on en arrive ici, c’est qu’on a identifié les Besoins (Universels) de soi et des autres.

Pour cela on est probablement (mais pas obligatoirement) passé par l’Etape 1 (Identification des Faits déclencheurs d’Emotions) et l’Etape 2 (Identification des Emotions), mais en fait, tout cela avait essentiellement comme intérêt, de permettre aux différentes personnes d’arriver, in fine, à l’Etape 3 (Identification des Besoins Non satisfaits).

J’exagère un petit peu, car l’Etape 2 et souvent essentielle pour faire retomber la « pression émotionnelle » et permettre de revenir à des dispositions mentales permettant de réfléchir et trouver ses Besoins Non Satisfaits.

Car en effet, ce n’est qu’à partir du moment où les Besoins Non satisfaits ont été identifiés que l’on va pouvoir commencer à réfléchir à des Solutions pour satisfaire ces Besoins et faire ainsi en sorte que les Emotions « déplaisantes » (celles que l’on ressent lorsque nos besoins ne sont pas satisfaits) laissent mécaniquement la place aux Emotions « plaisantes », c’est-à-dire celles que l’on ressent lorsque nos Besoins sont satisfaits.

La satisfaction des Besoins va nécessiter de faire quelque chose. En effet, si l’on ne fait rien, il y a peu de chance que les choses évoluent seule suffisamment rapidement pour satisfaire le Besoin. On peut parfois tabler sur l’attente d’une évolution de ses besoins internes, mais ce n’est pas toujours celle qui maximise les Emotions « plaisantes ».

Par exemple, si vous êtes coincé sous un rocher sous la mer, votre Besoin Universel physiologique d’oxygène va rapidement se manifester à vous sous forme d’une Emotion très « déplaisante » : La panique !

  • Soit vous tablez sur la mise en place d’une Solution, par exemple nager pour vous écarter du rocher, puis remonter vers la surface,
  • Soit vous tablez sur l’attente de l’évolution de vos Besoins : Attendre la noyade complète et la fin des Besoins physiologiques.Perso, je préfère la première approche !

Lorsque l’on choisit la première approche, une Solution doit être mise en œuvre par quelqu’un, soi-même ou quelqu’un d’autre.

L’Etape 4 est celle de la Formulation d’une Demande
de mise en place d’une Solution.

Comme l’objectif de la CNV est de :

Faire en sorte que si quelqu’un, vous ou ou quelqu’un d’autre,
fait quelque chose pour vous,
elle le fait par Bienveillance
et non par Peur, Honte ou Culpabilité

Il va donc falloir formuler cette Demande d’une manière qui laisse la possibilité d’un refus !

Et donc vous ne pouvez pas être assuré avec la CNV que les autres vont faire quelque chose pour vous !

Voilà pourquoi ce n’est pas une technique de manipulation.

Voilà aussi pourquoi il ne faut pas l’utiliser lorsque
votre Besoin prime sur le Besoin des autres !
On est alors dans le cas d’une Exigence et non d’une Demande

La formule consacrée pour formuler une Demande est la suivante :

« Je voudrais savoir SI TU SERAIS D’ACCORD pour …« 

Demande Positive, Concrète et Négociable

On a vu comment formuler une Demande. Mais pour qu’une Demande puisse conduire à une action réalisable, encore faut-il que l’objet de cette Demande soit, et c’est fondamental :

Positive, Concrète et Négociable

Positive, cela veut dire qu’on demande de « faire quelque chose » et pas « de ne pas faire quelque chose »

Concrète, cela veut dire que l’action doit être réalisable et mesurable.

  • « Est-ce que tu voudrais bien passer l’aspirateur une fois par semaine »
    est une demande concrète. En revanche,
  • « Est-ce que tu voudrais bien me rendre heureux ? »
    n’est pas une demande concrète ! (même si ça serait cool !)

Négociable, cela veut dire que la personne à qui on formule la demande doit pouvoir être libre de l’amender jusqu’à trouver un accord sur le service à rendre.

 

Demande ou Exigence

Pour terminer avec l’Etape 4, il faut être conscient que ce n’est pas tant la formulation de la Demande qui permet de savoir si c’est une Demande ou une Exigence, mais c’est plutôt la conscience de savoir si l’on est prêt à accepter un refus.

Pourrais-tu ou Voudrais-tu bien ?

Je sors ici un peu du cadre strict de la CNV, pour attirer votre attention sur une formulation couramment utilisée et en toute bonne foi pour obtenir la satisfaction de ses désirs, mais qui s’avère être une technique de manipulation linguistique.

Lorsque l’on dit à quelqu’un de plus de 3 ans :

« Est-ce que tu pourrais aller chercher le sel sur la table de la cuisine ? »

La réponse est linguistiquement : « Oui« , puisqu’un enfant de plus de 3 ans a la capacité: « il peut »,  aller chercher du sel.

Et donc la personne qui pose une telle question s’attend naturellement à ce que la personne aille le faire. Elle est donc plutôt dans une dynamique d’Exigence que de Demande et sera certainement déçue, voire en colère, si la personne refuse (ce qui est peu probable ayant été conditionnée à répondre « oui » au verbe pouvoir).

La formulation suivante est beaucoup plus proche de l’esprit de la CNV :

« Est-ce que tu voudrais bien aller me chercher le sel ? »

En effet, elle n’appelle plus une réponse « oui » automatique, mais au contraire elle demande à la personne de se s’interroger pour savoir si elle est d’accord ou pas de le faire ? Et cela change tout !

Pour celui qui fait la demande, cela lui fait prendre conscience :

  • qu’il est prêt à entendre un « Non » et à l’accepter, ou alors,
  • que son Besoin est trop fort et qu’il n’est plus capable d’être dans une démarche CNV.

Pour celui qui rend le service, cela lui donne le choix de le faire ou non. Et ainsi, s’il le fait, le demandeur saura que cela aura été fait par Bienveillance.

Il y aura eu un service rendu que le premier pourra rendre au second une autre fois, créant ainsi des relations humaines constructives et bienveillantes.

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